Interrompre une grossesse pour des raisons médicales
Il arrive qu’un enfant à naître soit atteint d’une maladie grave qui limitera beaucoup son espérance ou sa qualité de vie s’il survit à la grossesse, ce qui est dévastateur pour les parents. Parfois, c’est la femme enceinte elle-même qui reçoit un diagnostic de maladie qui pourrait lui coûter la vie si elle décide de poursuivre sa grossesse.
L’interruption d’une grossesse pour des raisons médicales est une décision qui peut sembler à la fois impossible et inévitable. Ce genre de décision complexe cause souvent beaucoup de détresse chez les parents, même si elle est prise avec le plus grand soin et tout l’amour et le souci possibles pour l’enfant à naître. Dans une telle situation, il se peut que votre deuil commence avant même que vous ne perdiez votre bébé. C’est normal et ça ne veut pas dire que votre deuil ne se poursuivra pas par la suite.
Ce genre de deuil en cours de grossesse s’accompagne souvent de couches additionnelles d’émotions et de pensées : choc, tristesse, culpabilité, colère et solitude d’une intensité accrue. Dans votre détresse, vous pourriez avoir l’impression qu’on vous juge ou que vous avez agi contre vos valeurs personnelles ou croyances spirituelles, ce qui peut accentuer votre isolement. Vous avez peut-être l’impression que votre deuil ne correspond pas vraiment aux autres types de deuils associés à la perte d’un enfant durant ou après la grossesse. Rappelez-vous que chaque parent qui a perdu un enfant a le droit de vivre son deuil à sa façon et de pleurer son enfant et l’avenir qu’il avait imaginé. Surtout, rappelez-vous que cette situation très difficile ne remet aucunement en question votre désir d’avoir cet enfant ou la force de votre amour pour lui.
« La décision d’interrompre ma grossesse a été la plus difficile de ma vie. J’ai compris que mon tourment ne vient pas du fait d’avoir pris la mauvaise décision, mais bien d’avoir été forcée de choisir entre deux choses affreuses. »
Dans les premiers jours ou semaines, vous passerez sans doute par toute une gamme de pensées et d’émotions intenses. Il peut aussi y avoir des périodes, par exemple au début, où vous ne sentirez rien du tout. Les effets du deuil se manifesteront sans doute à divers niveaux. Par exemple, vous pourriez faire de l’insomnie ou avoir toujours envie de dormir, avoir peu d’appétit ou toujours faim, être constamment en larmes ou incapable de pleurer. Il se peut aussi que vous reviviez sans cesse ce qui s’est passé et que vous n’arriviez pas à le croire.
Des choses qui peuvent aider
Peu importe ce que vous ressentez ou ce qui vous passe par la tête, rappelez-vous que c’est normal. Il est aussi normal de ressasser différents scénarios. Il est important d’accueillir toutes ces choses dans votre deuil, même les plus douloureuses, et de trouver des personnes pour vous soutenir pendant que vous absorbez ce qui s’est passé.
Rappelez-vous que ce que vous avez vécu est extrêmement difficile. Vous aurez besoin de temps pour guérir physiquement et pour trouver la meilleure façon de prendre soin de vous. Écoutez votre corps. N’hésitez pas à communiquer avec votre prestataire de soins de santé si vous avez des questions sur les montées de lait, la guérison des plaies, la santé pelvienne, etc.
Soutien des amis et des membres de la famille :
- Pensez à ce dont vous avez besoin et à ce que vous voulez éviter en ce moment, et déterminez les meilleures personnes pour vous aider. Vous pourriez faire appel à un ou deux proches de confiance qui pourront vous écouter et vous tenir compagnie au besoin.
- Envisagez de demander à quelqu’un de prendre régulièrement de vos nouvelles, même si vous n’avez pas toujours envie de parler ou de voir des gens.
Si vous avez un emploi :
- Votre prestataire de soins de santé peut sans doute vous remettre une lettre pour justifier un congé auprès de votre employeur.
- Renseignez-vous auprès de votre employeur ou de votre prestataire de soins de santé, ou demandez à un proche de s’informer pour vous au sujet de l’assurance-emploi et des congés et autres avantages offerts par le gouvernement de votre province ou territoire.
- Pour bien vous soutenir, vos collègues ont besoin de connaître vos besoins. S’ils n’étaient pas au courant de votre grossesse, vous pouvez décider de leur dire certaines choses, y compris la façon dont vous désirez qu’on vous aborde (ou pas) à votre retour. Par exemple, vous pourriez accepter les témoignages de sympathie, mais non les conversations non sollicitées, ou encore demander qu’on fasse comme si de rien n’était. Si vous êtes à l’aise de parler, vous pourriez vouloir remettre à vos collègues une liste de choses bonnes à dire ou à éviter.
Voisins et connaissances :
- Si vos voisins étaient au courant de votre grossesse ou ont vu les services d’urgence arriver chez vous, attendez-vous à ce qu’ils vous posent des questions ou s’inquiètent de votre état.
- Vous pourriez demander à une personne de confiance d’agir comme votre porte-parole jusqu’à ce que vous vous sentiez à l’aise de répondre vous-même aux questions.